Nos chroniques
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Les saints tapis floraux d'Antigua
Les bordiers des rues, par où passent les processions chrétiennes qui se succèdent les deux ou trois dimanches qui précèdent la semaine sainte, confectionnent à même la chaussée des tapis de fleurs en l’honneur des saints sortis pour l’occasion.
Dimanche après-midi premier mars, les rues d’Antigua, ancienne capitale guatémaltèque, sont bondées de pèlerins vêtus du robes et de capes noires ou violettes parmi lesquelles se noient les touristes. Nous nous demandons à quoi s’occupe un groupe de bordiers qui étend une fine couche de sciure en rectangle, à même le pavé. Située à plus de 1500 mètres d’altitude, au milieu de volcans qui la surplombent dans toutes les directions, la ville ouvre ses ruelles et ses places rappelant un riche passé colonial à des visiteurs ravis de profiter de sa relative fraîcheur.
Arrivés sur la Place Centrale, l’odeur de farine et de sucre chauds nous attire sous les arcades en bois où se trouvent quelques boulangeries-confiseries offrant des pains aux fruits comme nous n’en avons plus vus depuis notre départ d’Europe. En plus, le café est excellent. La visite de la ville commence au mieux.
Une fanfare fait entendre au loin une mélodie lente et rythmée. Les instruments sont accordés et les musiciens ont bénéficié de bonnes leçons de musique. Ce ne fut pas toujours le cas dans les villes traversées plus au Sud. Nous nous approchons. La foule se densifie et nous apercevons au sol une successions de tapis floraux aux formes diverses. Les uns reproduisent des motifs religieux, les autres un dessin quelconque. Les végétaux utilisés sont variés et multicolores.
Un premier cortège d’hommes couverts de violet de la tête aux pieds marche lentement. Il précède une sorte d’immense brancard portés par une quarantaine d’hommes qui avancent lentement, en se balançant de gauche et de droite pour représenter une démarche triste et pénible. On se rappelle Jésus Christ sur le chemin de la crucifixion. Le brancard porte les statues de celui-ci et probablement d’un saint local.
Un deuxième cortège suit, celui des femmes. Même composition; mais elles sont moins nombreuses à marcher devant, elles sont une vingtaine à porter un brancard plus petit sur lequel se dressent une statue de la Vierge et d’un ange. Ils vibrent avec raideur aux brusques déplacements, leur socle plus ou moins solidement fixé. La fanfare, plus modeste que la première, comprend des hommes et des femmes.
Une pelle mécanique et deux camions de chantier un peu nettoyés pour l’occasion suivent avec quelques personnes juchées sur le pont, ils serviront à soulever et à décharger les éléments décoratifs à l’arrivée. Puis la foule se forme derrière en cortège désordonné pour suivre la procession qui parcourt plusieurs rues de la ville avant de revenir à l’église d’où elle est partie.
Les tapis floraux auront été largement piétinés, mais avec sainteté et piété. Les jardins potagers et de fleurs donneront d’autant mieux la prochaine fois, et les âmes…
P.S. Pressé par le temps à cause du calendrier serré de mes deux jeunes équipiers successifs, la rédaction de mes chroniques en souffre un peu. Elle reprendra plus activement une fois retrouvé le rythme du nomade retraité.
01.03.15
Vereda Maya