Nos chroniques
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Le Haut et le Bas
El Alto le Haut, La Paz le Bas. La première ville bolivienne remplit complètement la cuvette dans laquelle elle est circonscrite, tellement que ses bords sont construits jusqu'en haut. Des constructions s'accrochent à ses flancs friables un peu n'importe comment (v. photo de gauche); de telle sorte que chaque année certaines s'écroulent avec leur lot de victimes. Mais, comme toutes les grandes villes, La Paz attire massivement les jeunes gens venant de la campagne, en quête d'une meilleure situation socio-économique. Plus d'un million d'habitants s'y entassent, et les prix des surfaces habitables atteignent des niveaux qui obligent de plus en plus les nouveaux arrivants à s'installer à la périphérie; c'est-à-dire sur le plateau, à El Alto. Avec ses plus de 800'000 habitants, cette ville constitue à la fois la cité dortoir et la base logistique des entreprises de La Paz. Quartiers d'habitation, entrepôts et parcs de camions s'étendent toujours davantage à El Alto. Ses habitants se complaisent à dire qu'El Alto est la solution aux problèmes de La Paz. Entre le Haut et le Bas il y a là aussi une certaine rivalité.
Les rues étroites descendent comme des toboggans d'El Alto jusque dans les quartiers les plus bas de La Paz. Le matin, une multitude de petits bus et de taxis se précipitent dans le trou en faisant grincer leurs freins. Le soir, en sens inverse, les moteurs crachent abondamment leurs microparticules pour remonter leurs passagers des 3600 m de La Paz aux 4150 m d'El Alto. Ce va-et-vient engorge les ruelles de La Paz déjà rétrécies par les innombrables vendeurs de toute sorte qui s'installent en rang serré des deux côtés. Bref, les artères se bouchent, le coeur économique de la Bolivie est menacé d'infarctus. Cette situation à la fois conflictuelle et bloquée entre le Haut et le Bas; ça ne vous rappelle rien amis de mon pays?
Mais là s'arrête la comparaison, les pentes à maîtriser et les caractéristiques géologiques excluent toute solution ferroviaire, directissime ou en lacet. Et pourtant, plus de 90% des pendulaires utilisent les transports collectifs. Ce sont ceux-ci qui congestionnent la circulation, et les quelques automobilistes avec leur propre véhicule ne font qu'aggraver la situation.
Que faire? - Les autorités ont entrepris de construire trois télécabines qui chevauchent ce capharnaüm (v. photo du milieu). Mais les débits attendus sont insignifiants en regard de l'ampleur des besoins. Ici comme à Neuchâtel, ce n'est pas la solution.
C'est peut-être au Marché des sorcières de La Paz qu'il convient d'aller chercher la solution. En tous cas, les gris-gris, les statuettes et, surtout, les foetus séchés de lamas (v. photo de droite) s'achètent en grande quantité par d'aucuns qui y accordent bien plus de foi qu'en le génie des autorités.
La trépidation de La Paz, ses marchés et ses restaurants nous ont comblés de bonheur; d'autant plus que sa population est d'une hospitalité remarquable. Et si vous avez très envie de bien manger, comme nous après plus d'une année de route dans des contrées où la gastronomie n'est pas la priorité; alors vous pouvez vous rendre chez Moustache. Le sacré maitre-queux français accueillera, si nécessaire, votre camping-car devant son établissement, vous permettra de squatter sa borne internet et ses sanitaires. Il vous servira surtout une cuisine et des vins qui vous obligeront à vous arracher de La Paz pour continuer votre voyage.
A suivre...
02.08.14
Bidonville