Nos chroniques
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Blancheur chaude
Nous quittons La Colca pour Arequipa par la piste de Cabanaconde, Huambo et Tambillo. Les cols à plus de 4000 mètres et les vallées se succèdent dans un décor de hauts plateaux andins dont l'arrière-plan est occupé par les volcans qui secouent régulièrement Arequipa et qui ont craché de gigantesques quantités de roches et de tuf de lave blanc, le sillar, qui recouvrent la vallée en aval sur des dizaines de kilomètres. El Misti (5822 m), Chachani (6075 m), Pichu Pichu (5571 m), mais aussi Hualca Hualca (6025 m), Sabancaya (5976 m) ou encore Nevado Ampato (6310 m) à la fois entourent et menacent la deuxième ville du Pérou. La légende raconte que le quatrième roi inca Mayta Cápac, émerveillé par la vallée où il arrivait aurait dit: "Ari, quipay."; ce qui signifie oui, restons.
Entièrement détruite en 1600 par des éruptions volcaniques, sérieusement secouée en 1687, en 1868, en 1958, en 1960 et en 2001, Arequipa s'est reconstruite en maisons basses et voutées avec des briques confectionnées à base de sillar, ce qui lui confère aujourd'hui une blancheur chaude des plus accueillantes.
C'est en 1570 déjà que Maria de Guzmán y fonda le Monasterio Santa Catalina, couvent dominicain qui, probablement fait unique, s'étend au coeur de la cité sur une superficie de quelque 20'000 m2. Les cadettes des familles aristocratiques entraient au couvent pour renoncer, selon la tradition, aux biens et aux joies de ce monde. Mais chacune disposait d'une à quatre servantes, la plupart du temps des esclaves africaines, conservait son train de vie dans des espaces privés ressemblant davantage à des petites maisons qu'à des cellules de recluses et pouvait organiser des réceptions et inviter des musiciens. Le pape Pie IX chargea en 1871 Soeur Josefa Cadena de restaurer un peu de discipline, en particulier en renvoyant les soeurs aristocrates en Europe. Les servantes furent libérées, elles devinrent en majorité religieuses.
Une trentaines de religieuses continuent aujourd'hui de vivre dans la partie nord du monastère, dans des locaux modernisés, le reste de l'institution étant ouvert aux touristes depuis 1970. La visite de cette ville dans la ville, dont les rues portent des noms de villes espagnoles et dont l'urbanisme semble avoir été plutôt conçu pour rendre l'existence confortable que pour remplir les voeux d'entrée dans un couvent, mérite le détour.
Située à 2350 m, Arequipa jouit en outre d'un climat agréable qui incite à y prolonger un peu son séjour, arrivant des hauts plateaux et encore marqués par la rigueur de leur climat. Nous ne nous en priverons pas avant de remonter à Cuzco et au Machupicchu.
A noter (photo de droite prise au monastère) la bassine en traquita, une pierre poreuse à travers laquelle s'égoutte l'eau en se purifiant. Technique encore utilisée dans les campagnes où les impuretés de l'eau ne sont pas trop nombreuses et où, surtout, les organismes sont encore très résistants à une hygiène des plus sommaires...
A suivre...
13.08.14
Le Cinéma