Nos chroniques
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Qualifications sur l'Amazone
Qualifications sur l'Amazone parce-que nous avons assisté à la plupart des matchs qualificatifs pour les huitièmes de finale du Mundial 2014 sur le bateau qui nous a emmenés de Belém à Manaus. Il y avait donc à bord une ambiance de circonstance, les uns y participant allongés dans leur hamac, les autres ayant monopolisé les quelques fauteuils disponibles. Et la Suisse s'est admirablement reprise après sa défaite cinglante contre la France, et donc qualifiée pour ces huitièmes.
Six jours de navigation ou quelques heures d'avion, les seules possibilités de rallier Manaus, son Theatro Amazonas, sa multitude de bateaux et ses quelque deux millions d'habitants qui s'affairent activement dans la capitale de l'Etat de l'Amazonas.
Nous y étions certes à la fin de la saison des pluies, ou plutôt, au début de la saison dite sèche; alors l'Amazone était encore très largement hors de son lit, sur des étendues de plusieurs dizaines de kilomètres. Ce qui nous a frappé, c'est le grand nombre de constructions sur pilotis, environ la moitié, inondées par des eaux ayant dépassé de toute évidence le niveau maximum habituel. La force du courant est telle que quand le fleuve atteint les planches du bas des maisons, très vite il les arrache. C'est donc le spectacle désolant de centaines de familles souffrant des conséquences de l'élévation tendancielle du niveau général des eaux qui nous a le plus touché pendant ce voyage fluvial ma fois fort instructif.
Ceux qui n'ont pas abandonné leur habitation ont parfois construit des petites plateformes sur pilotis de quelques mètres carrés sur lesquelles ils gardent quelques cochons ou quelques vaches qu'ils nourrissent en leur apportant de la verdure arrachée à l'eau et transportée en pirogue. Ils pêchent des crevettes qu'ils viennent vendre aux passagers des bateaux de passage en venant s'y arrimer en prenant des risques incroyables. Les enfants et les grands-parents s'approchent avec l'espoir de recevoir de la nourriture ou des habits jetés dans des sacs en plastic. La vie des dizaines de milliers de lacustres de l'Amazone est dure.
Les trains de bois flotté, les scieries et les tas d'immenses grumes rappellent que si la ressource aquatique semble momentanément augmenter, c'est peut-être parce-que la ressource forestière est surexploitée et en voie de diminution. Il y a probablement un lien de causalité entre un Amazon qui enfle et une forêt amazonienne qui se réduit. S'en prendre à la fonction régulatrice des eaux par la forêt, c'est prendre le risque de rompre le fragile équilibre entre ses deux ressources vitales. Le gouvernement brésilien fait preuve d'une prise de conscience pertinente de la question, mais a-t-il les moyens de freiner les opérateurs économiques avides d'exploiter les ressources naturelles sans se soucier de développement durable, a-t-il les moyens de réguler l'exploitation de ses ressources naturelles alors que les impératifs de son développement socio-économique pèsent si lourdement sur ses priorités?
Il y en a heureusement qui semblent s'adapter assez bien à cette situation pleine de points d'interrogation, dont les sauts au-dessus de la surface du fleuve nous rappelle que l'eau chocolat de l'Amazone, les oiseaux qui enchantent les crépuscules et les multiples essences qui se reflètent dans l'eau offrent un tableau de rêve. Ce sont les dauphins. Ils sont nombreux et leurs ondulations à la surface de l'eau ont la vertu de nous redonner une approche positive et détendue de la vie amazonienne. Merci les dauphins!
A suivre...
02.07.14
Lamento No Morro