Nos chroniques
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BR-101 ou Translittorale tu nous as tenus
São José do Norte (photo de gauche), Itajaí, Joinville, Santos, Ubatuba, Parati, Rio de Janeiro, Campos dos Goytacazes, São Mateus, Eúnapolis, Aracaju, Maceió, Joboatão dos Guararapes, Recife, João Pessoa, Natal, Touros. L'énoncé de quelques-unes des cités reliées du Sud au Nord sur plus de 4'750 km par la BR-101 évoque l'infinie diversité des paysages traversés. C'est encore plus imagé en écrivant les noms d'une partie seulement des fruits et des légumes trouvés dans les marchés de ces villes ou sur les étales installés au bord de la route: ananas, annona cherimola, atte, banane, cacao, café, canne à sucre, citron, fruit de la passion, maïs, mangue, manioc, orange, pignon d'araucaria ou encore pomme de terre douce. Tous ne poussent pas du Sud au Nord, mais l'apparition de leurs cultures jalonne la montée et la rend tellement belle dans sa variation. Et qu'écrire sur la beauté de leurs noms.
L'ananas est actuellement en pleine récolte et il est proposé à tous les coins de rue entier, en tranches ou en jus. On s'en gave... Les champs de canne à sucre sont en fleurs et ils donnent au loin l'impression d'être saupoudrés de neige (photo de droite). Cependant, après avoir traversé dans les états du Sergipe, d'Alagoas et du Pernambouc des étendues de plusieurs centaines de kilomètres entièrement vouées aux grandes cultures de canne à sucre, on se demande comment les sols se renouvèlent et comment se porte la biodiversité. C'est d'ailleurs la même question que nous nous sommes posés plus au Sud en traversant de mêmes immenses espaces, mais alors couverts de plantations d'eucalyptus. Il y a parfois une alternance avec des champs où paissent des zébus, quel bel animal, ou, moins souvent, des chevaux. Mais est-ce une alternance par rotation? Est-ce que ces grandes cultures ne sont pas poussées à force de traitements chimiques? L'abondante publicité pour les produits agro-chimiques et les nombreux avions qui survolent les champs en déversant des substances miracle laissent perplexe.
Congre, crabe, crevettes, dorade, espadon, huître, poulpe, thon, plus tous ceux dont nous ne connaissons pas le nom. Cette troisième liste pour rappeler que la BR-101 longe la côte brésilienne, autant écrire une succession des plus belles plages du monde. Qu'ils soient camping-caristes, chasseurs-photos, pêcheurs, plaisanciers, plongeurs ou surfeurs, ils y trouveront tous, qui le bivouac de ses rêves, la prise de vue de sa vie, le souper à griller sur la plage, le sable le plus blanc, le récif de corail le plus poissonneux ou encore la vague du siècle. A l'écart des grosses villes portuaires comme Rio de Janeiro et Santos, la côte est une plage de plusieurs milliers de kilomètres entrecoupée d'estuaires qui rappellent en tableaux tous aussi majestueux les uns que les autres que le Brésil est un pourvoyeur d'eau stratégique à l'échelle planétaire et qu'il doit porter une attention sans faille à la préservation de cette ressource et de sa complémentaire qu'est la forêt amazonienne.
Ford, Freightliner, Kenworth, Mack, MAN, Mercedes Benz, Scania, ou encore VW; mais aussi Ale, BR Petrobras, Esso, Shell ou une multitude de moins importantes pour revenir à la spécificité routière de la BR-101. Avec leur trentaine de mètres de longueur et leur composition d'un tracteur et de deux remorques, les trains routiers portent bien leur nom sur la BR-101. Ils en sont d'ailleurs les maîtres. Les automobiles légères sont rares, les autobus un peu moins, à entrecouper l'interminable ruban de camions. A la file d'attente des colonnes de diesel ou stationnés pour la nuit (photo du centre), nous nous demandons toujours si les monstres ne vont pas nous écraser sans même s'en rendre compte. C'est que les stations-service ressemblent souvent à des concentrations de poids-lourds avec tous les services dont ils ont besoin. Lavage, graissage, réparation de pneumatiques et vidange, mais aussi vendeurs d'accessoires aussi divers que des ampoules de phares, des essuies-glaces, des pots d'échappement chromés, des radios CB ou toute la panoplie photographique qui peut décorer les parois de la cabine et de la couchette. Outre les sanitaires douches-WC, il y a aussi, généralement un peu à l'écart, ou plus loin au bord de la route, les lieux de plaisance aux noms évocateurs (très souvent en français ???) comme California Plaisirs, Mon Chéri ou Motel Charme ou l'affichage en grand de tarifs à l'heure ou à la demie-journée trahit de quels plaisirs il s'agit.
Si l'intensité du trafic de marchandises sur la BR-101 est une fonction directement proportionnelle à celle de l'activité économique éclatante du pays, elle est aussi l'expression des immenses besoins en carburant et en énergie du pays. Certes des usines à gaz, à mazout ou nucléaires longent cette artère étonnante; certes le Brésil est le plus gros utilisateur de bio-carburant du monde; certes des tours de forage pétrolier, des raffineries et des usines de production d'éthanol poussent partout; mais aussi des champs d'éoliennes, des usines de panneaux solaires et de grandes pancartes ventant la nécessité de la conversion aux énergies renouvelables.
LA BR-101 est finalement un concentré de tout le développement économique, urbain et social du Brésil. Les brésiliens ont l'habitude de raconter que le développement de leur pays a commencé sur son littoral atlantique, ils pourraient tout aussi bien dire qu'il s'article autour de la BR-101. La parcourir avec quelques infidélités à l'intérieur des terres est en tous cas une bonne et belle manière de se faire un image de ce pays grand comme un continent.
Encore 2'000 km plus au Nord que la BR-101 pour arriver à Bélem et embarquer pour Manaus.
A suivre...
02.06.14
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