Nos chroniques
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En famille à Misiones
Le but principal de notre deuxième voyage à Misiones était de faire la connaissance de notre cousine Marthe qui vit la plus grande partie de l'année à Santo Pipo où deux de ses fils exploitent chacun dans la région un domaine agricole. (Pour la famille, un autre fils est médecin à Genève et sa fille à Jujuy). La famille argentine, nous en avions tellement entendu parler en bien par ceux qui l'avait visitée, que nous ne pouvions pas manquer le détour de Santo Pipo. Avec internet pour les premières approches, le téléphone mobile pour la prise de contact une fois à Misiones et le GPS pour trouver le lieux dit, ce fut un jeu d'enfant. Mais qu'écrire sur l'ineffable hospitalité de Marthe, si ce n'est que les retrouvailles de notre cousine d'Amérique sont à jamais gravées dans notre coeur comme un des plus beaux moments de notre vie.
Nous avons été invités à manger à midi en compagnie d'amis de Posadas exquis, Silvia et Andrés. Une fois ceux-ci repartis chez eux, Marthe nous a proposé de plonger dans sa piscine avant de nous rafraîchir d'un verre de Maté cocido froid maison. Après le souper, nous avons passé une nuit de rêve dans notre camping-car parqué sous un grand eucalyptus de l'allée conduisant à la maison de Marthe. Et le matin, visite du domaine exploité par son fils Edouardo.
Celui-ci produit bien entendu la "Yerba mate", mais aussi du thé et du bois. Il engraisse en outre des bovins à l'aide de personnel recruté dans la province de Corientes, où les gens de la pampa savent monter à cheval. L'élevage est peu développé dans la province de Misiones et les bons cavaliers peu nombreux à savoir conduire des bovins. Outre le mixage nécessaire des activités du domaine pour compenser les moins bonnes années d'une d'entre elles par les autres supposées alors meilleures, Marthe nous a aussi admirablement expliqué la recherche continue de nouvelles méthodes de culture ou d'élevage. Augmenter le diamètre des grumes, tailler la yerba maté autrement pour améliorer son rendement, faire appel à des équipements rendant le travail humain encore très intense moins pénible.
Bref, la maison de Marthe est fort belle au milieu d'un domaine offrant des tableaux naturels époustouflants. Le tracteur neuf est resplendissant et la halle aux bovins est impressionnante. Les chevaux attachés près des vaches en train de se faire peser donnent envie de les enfourcher et de partir galoper dans la campagne. Et que penser du bassin retenant l'eau de la source pour qu'on puisse s'y baigner après une dure journée de labeur? Mais derrière ce tableau idyllique se cache une réalité agricole qui, comme en Suisse, exige des exploitants des talents d'entrepreneur et d'innovateur hors du commun, de surcroît doublés de grandes qualités politiques. Pendant que Marthe nous faisait visiter le domaine d'Eduardo, celui-ci était en déplacement à Buenos Aires pour essayer de faire comprendre au ministère de l'agriculture qu'il n'est pas judicieux d'avoir interdit par un loi l'usage des sécateurs électriques pour récolter la yerba maté.
Marthe nous a ensuite conduit à l'école secondaire (jusqu'au bac) que l'église réformée du coin a ouverte pour accueillir plus de quatre cents élèves, dont la moitié d'internes. C'est dans le respect le plus rigoureux de la liberté de confession et de conviction que les élèves y sont reçus. Un grand nombre sont d'ailleurs d'origine aborigène, des indiens; ce qui a conduit l'école à créer un magasin dédié à l'artisanat des ethnies auxquelles ils appartiennent. Mais l'appui politique des autorités argentines ne suffit pas à combler la diminution du soutien apporté par l'église réformée suisse et quelques sociétés européennes comme Peugeot et Sulzer. Alors ceux qui se sentent appelés à faire un geste peuvent approcher Marthe. Nous leur donneront très volontiers ses références. L'école est en train de s'agrandir pour répondre à une augmentation du nombre d'élèves; mais les moyens ne suivent pas et Marthe nous a expliqué que c'était une grosse préoccupation.
En retournant chez Marthe, elle nous a fait découvrir d'excellentes chipitas de manioc achetées encore toutes tièdes au bord de la route puis, à sa table, des frites de manioc. Nous avons depuis complètement changé d'avis sur la qualité gastronomique de cette racine et nous comprenons aisément que ce n'est pas seulement à cause de la terre très humide qu'elle remplace avantageusement la pomme de terre à Misiones et dans certaines régions d'Afrique.
Une dernière baignade dans la piscine de Marthe, un dernier maté cocido froid et l'heure du départ est déjà arrivée.
Au revoir Marthe, un très grand merci.
A suivre...
10.03.14
L'Espérance en l'Homme
Mauranne