Nos chroniques
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La Grange aux Concerts
De retour quelques semaines dans mon pays, j’en profite pour écrire une chronique sur la Grange aux Concerts du Val-de-Ruz, la vallée d’où je viens. Alors qu’elle accueille depuis plusieurs années deux festivals qui attirent des amateurs et des artistes venant du monde entier, les pouvoirs publics peinent à se mobiliser au côté de l’économie privée pour en faire un lieu de concert à la hauteur des événements artistiques qui y sont produits.
L’été commence au Val-de-Ruz depuis plus d’une dizaine d’années avec Poésie en Arrosoir (www.poesieenarrosoir.ch) dont la déambulation poétique et les spectacles réservent chaque année des surprises très attendues.
Le mois d’août se termine avec le festival Les Jardins Musicaux (www.jardinsmusicaux.ch) qui, outre ses bal(l)ades à la découverte du patrimoine, propose depuis une vingtaine d’années dans la Grange aux Concerts une approche de la musique contemporaine accessible à un large public.
Les artistes, le public et les sponsors participent à ces deux événements qui sont devenus des rendez-vous courus au point que les places s’arrachent. Des oeuvres souvent peu jouées, faisant parfois appel à une écoute attentive du public sont inscrites au programme entre d’autres pièces s’adressant ou bien à un public de tous âges, ou bien à un public moins exigeant. Abreuvé de ce mélange éclectique, le public en redemande et élève le niveau de son attente. Les comédiens de la troupe de Poésie en Arrosoir et les musiciens de l’orchestre des Jardins Musicaux se prennent aussi à ce jeu. La progression des deux ensembles est patente. L’élévation du niveau des concerts et des spectacles accueillis est continue. Ces deux festivals privés sont aujourd’hui reconnus pour la qualité de leurs propositions et la pertinence de leur démarche. La presse s’en fait abondamment l’écho, les mécènes et les sponsors ne s’y trompent pas. Mais à l’heure d’apporter à la Grange aux Concerts les quelques améliorations permettant en particulier aux Jardins Musicaux de programmer des oeuvres nécessitant une acoustique plus raffinée, alors qu’il conviendrait d’offrir la possibilité d’utiliser la salle toute l’année en l’équipant d’un chauffage, les pouvoirs publics propriétaires manquent singulièrement d’à-propos.
Les festivals précités sont deux entreprises privées dont les risques artistiques et économiques reposent entièrement sur les épaules de trois personnes, une seule pour Poésie en Arrosoir et deux pour les Jardins Musicaux. Ces artisans entrepreneurs engagent chaque année des budgets qui représentent ensemble plusieurs millions d’euros. Une somme très largement redistribuée à des artistes et à du personnel technique de la région. En ajoutant les retombées des deux festivals sur l’économie touristique, il est aisé de démontrer que les recettes fiscales induites dépassent les contributions des pouvoirs publics. Alors comment peuvent-ils être si frileux? Pourquoi ne voient-ils pas qu’au delà du superbe instrument culturel que pourrait devenir une Grange aux Concerts améliorée, c’est d’un vrai outil de promotion sociale et économique qu’il s’agit?
Le Val-de-Ruz a la chance de posséder deux icônes architecturales contemporaines: la Grange aux Concerts et le Mycorama. Il est intéressant de relever que la charpente de la Grange aux Concerts est constituée d’une des premières réalisations en lamellé-collé; alors que le Mycorama, beaucoup plus récent, en possède une en lamellé-collé aussi, mais particulièrement audacieuse. Ce dernier aussi manque singulièrement du soutien des pouvoirs publics. Il sera l’objet d’une prochaine chronique.
A suivre...
P.S. Les photos d’intérieur proviennent du site internet des Jardins Musicaux, celle de l’extérieur de celui de la RTS.
07.12.14
Ces Gens-Là