Nos chroniques
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Ne l'abandonnez pas aux champignons!
C’est certes grâce aux champignons qu’il a vu le jour, mais après l’avoir laissé tombé, ils menacent aujourd’hui de le phagocyter. Appel lancé à son propriétaire et à son créancier hypothécaire.
Ne suffit-il pas de trois photos pour comprendre que cette admirable construction appartient aujourd’hui au patrimoine architectural du Val-de-Ruz, la vallée suisse où il fut construit au début de ce siècle pour abriter ce qui aurait du devenir un centre mondial de la mycologie? A quelques kilomètres de là, l’illustration des champignons apparaît dès le XVIIIème siècle à Neuchâtel et la mycologie y connut récemment un développement remarquable dans son université, en particulier dans la culture de champignons pour traiter la surface de monuments, pour soigner des maladies, pour dépolluer des sols ou encore pour cuisiner de nouveaux mets.
Faute à des ressources humaines et financières inadéquates, le centre mondial de la mycologie a fait long feu, mais il nous laisse son bâtiment. Bien que d’une architecture spécifiquement conçue à des fins d’exposition, il n’en reste pas moins de toute beauté et d’un grand intérêt. Sa construction répondant de surcroît aux critères énergétiques les plus actuels, son exploitation s’avère peu coûteuse. Situé à Evologia, le centre social et culturel du Val-de-Ruz, mais aussi le pôle de développement du canton de Neuchâtel voué aux ressources naturelles, à l’agriculture et à l’alimentation, le Mycorama devrait aisément trouver une affectation en accord avec les lieux et avec son architecture.
Cependant, il y a un obstacle que seuls son propriétaire et son créancier hypothécaire peuvent surmonter. En tant que créancier du centre de mycologie tombé en faillite et propriétaire du bien-fonds sur lequel est érigé le Mycorama, l’Etat de Neuchâtel est devenu propriétaire du bâtiment avec l’appui du créancier hypothécaire; ceci pour éviter que le Mycorama ne soit racheté par le premier venu dans le cadre de la liquidation de centre de mycologie.
L’Etat, en particulier son office de promotion économique, ne semble pas à même de trouver à court terme un intéressé à la reprise du Mycorama. Ce n’est pas vraiment une surprise. Même si la valeur vénale du bâtiment est probablement bien inférieure à sa valeur intrinsèque, qui peut être intéressé à investir dans un tel édifice à l’écart des grands flux touristiques et des grandes agglomérations? C’est déjà sa situation excentrée qui a freiné les sponsors potentiels du centre de mycologie.
Confié aux bons soins du service de l’Etat se chargeant de l’administration et de la promotion du pôle de développement d’Evologia, le Mycorama est entre les bonnes mains pour accueillir divers événements privés ou publics intéressés à occuper temporairement les lieux. Comme la Grange aux Concerts, il peut donner lieu à un partenariat novateur et fructueux entre les pouvoirs publics locaux et régionaux administrant son territoire. Je mets d’ailleurs ma main au feu qu’ensemble, les pouvoirs publics concernés seraient en mesure d’inciter le créancier hypothécaire à consentir le geste culturel et non-monétaire consistant à abandonner sa créance en faveur d’une affectation du Mycorama à l’usage de la promotion sociale, économique et culturelle de la région. Ce geste donnerait les coudées franches à ceux qui sont chargés de valoriser ce superbe instrument de promotion et de communication.
A bon entendeur, salut.
16.12.14
Ne Me Quitte Pas