Nos chroniques
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La douceur raffinée de Sucre
La douceur de Sucre tient d’abord à son climat ni trop froid en hiver, ni trop chaud en été. Elle résulte aussi d’une architecture de l’ancienne ville qui n’a pratiquement pas bougé depuis sa création et dont les édifices sont dans un remarquable état de conservation. L’un ne va pas sans l’autre. Mais la douceur de Sucre est aussi savoureuse par la richesse de fruits et légumes de son marché (ananas, bananes, chirimoyas, épinards, mangues, petits pois, pommes, pommes de terre, raisins, etc., tous frais et mûrs à souhait). On est bien sous les tropiques. Et quand on arrive des 4070 mètres de Potosi, les 2750 de Sucre sont ressentis comme l’altitude idéale.
La douceur de Sucre est de surcroît raffinée; parce-que le soin qu’apportent ses habitant à entretenir leur cité et à en valoriser les atouts tient du plus grand raffinement. En se promenant dans la ville, en buvant un jus de fruit ou de légume dans un de ses cafés ou en demandant des renseignements, nous ne pouvons qu’être agréablement surpris par l’amabilité et la compétence des gens. Sucre est bien la capitale intellectuelle et politique de la Bolivie, même si La Paz lui a pris les fonctions de capitale administrative et économique. Le parlement siège à La Paz; alors que la capitale constitutionnelle est Sucre.
La ville est tellement agréable que nous avons prolongé à deux reprises notre séjour et que nous y serions restés plus longtemps encore si les bloqueos (blocages des voies routières par des manifestants, dont les boliviens sont les spécialistes) nous y avaient contraints.
Nous ne nous attardons pas sur le rôle primordial que les jésuites ont joué à Sucre, le sujet sera repris lorsque nous visiterons les missions jésuites de Chiquitos. Ce sera en automne prochain. Nous nous limitons à relever que la Casa de la Libertad est à l’origine un couvent jésuite doublé d’une université jésuite. Trop brillants, trop aimés des peuples, trop puissants, les jésuites finiront par être l’objet de persécutions telles qu’ils devront abandonner leurs missions d’Amérique latine. Ce n’est pas le seul ordre religieux catholique à avoir connu une telle déconvenue.
La Casa de la Libertad (des libertés ou de la libération) abrite aujourd’hui encore la plus grande faculté de droit bolivienne, une salle principale où il arrive au parlement national de siéger et un musée qui retrace admirablement l’histoire du pays, et quelle histoire politiquement mouvementée! Natif de Caracas, Simon Bolivar va donner son nom au pays; mais il rêvait d’une union de pays incluant l’Argentine, le Chili, la Bolivie, le Pérou et peut-être davantage, à l’instar des USA. Le maréchal vénézuélien Antonio José de Sucre va donner son nom à la ville après avoir battu les troupes espagnoles en 1824 à Ayacucho. Mais le général qui aura été de toutes les batailles pour l’indépendance bolivienne fut José Ballivian. Il fut président. Le quatrième héros historique qui a attiré notre attention est la colonelle Juana Azurduy Bermudez. Nommée générale d’armée à titre posthume. Y avait-il beaucoup de colonelles combattantes au début du 19ème siècle dans les armées européennes? Tous quatre sont largement honorés à la Casa de la Libertad.
Le lendemain, visite du Musée du textile et des arts indigènes, principalement consacré aux traditions spécifiques encore bien vivantes des communautés paysannes Ch’uta, Jalq’a et Tarabuco. Fifi jettera son dévolu sur un poncho Tarabuco. Outre la poterie et le tissage, le musée présente les trois principales catégories d’instruments joués dans la région: les cordes (guitares de toutes les tailles et au nombre de cordes variable, v. photo du centre), les vents (cornes et flutes de toutes les tailles, toujours avec un embout sous forme de tuyau fin et rigide) et les percussions (tambours plutôt grands à une peau).
A suivre...
29.01.14
Mi corazón en la ciudad