Nos chroniques
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Action vers un Copahué actif
La Patagonie a été rangée au rayon des souvenirs et nous roulons deux jours en terre Mapuche en traversant des régions où la rudesse du climat et le paysage accidenté réduisent l’existence des indiens à de l’élevage nomade. Des stations composées d’un enclos sommaire et de refuges en pierre leur permettent de faire halte pour se mettre à l’abri quand le temps est trop exécrable ou que les troupeaux doivent être rassemblés. La vie de paysan de montagne en Suisse est paradisiaque en comparaison.
Nous passons la station de Caviahué qui propose de skier en hiver sur les pentes du volcan Copahué et nous montons jusqu’au village du même nom qui a été construit dans un ancien cratère du volcan. Pourtant pas très élevé (2030 m), le village est habité moins de six mois par an. Le reste de l’année il est recouvert de neige. Le camping est tenu par un policier à la retraite qui nous raconte avoir passé vingt-cinq ans à monter en hiver au village pour surveiller que tout se passe bien sous les mètres de neige. Des névés bordent le village et le fort vent projette du grésil qui nous pique les joues. Nous arrivons le 31 décembre, soit l’équivalent du 30 juin dans l’hémisphère nord.
Les argentins montent à Copahué pour profiter des termes riches en soufre et de la boue bouillonnante de la Laguna del Chancho. Nous ne pourrons pas en jouir, son accès ayant été fermé pour raison de temps trop mauvais. Nous nous contenterons d’un bain dans une eau verdie par des micro-bactéries aux multiples vertus, amplifiées en nous la projetant sur le corps par hydro-massage. Les yeux rougis par l’acidité des vapeurs de soufre et le corps exténué par le froid et le vent, nous passerons le réveillon de nouvel-an couchés dans le camping-car, ballottés par le vent.
Pour le premier de l’an, nous décidons de marcher en direction du cratère du volcan, mais en le laissant à une bonne distance. La neige recouvrant sa partie supérieure et les vapeurs de soufre expulsées du cratère limitent l’ascension du sommet (2953 m) aux plus expérimentés. Comme le vent est violent et que la température est à peine positive, nous nous habillons chaudement et nous nous munissons de gants et d’une cagoule. Heureusement, le soleil, caché la veille, a fait son apparition.
Nous nous rendons jusqu’à la borne Hito X-5 marquant la frontière entre l’Argentine et le Chili. C’est l’occasion de bien se rendre compte que le volcan est géographiquement sur territoire chilien; mais annexé par les argentins intéressés à en exploiter les ressources géothermiques, il constitue dès lors une enclave argentine au Chili. Les argentins réclament à juste titre de posséder les Malvinas, mais sont-ils disposés à rendre au Chili le Copahué et le Fitz Roy? Bref, Nous laissons le volcan à l’Ouest et nous redescendons en direction des deux lagunas Las Mellizas en passant par l’Usina Geotermica d’où partent deux conduites d’eau chaude, l’une allant approvisionner Copahué et l’autre Caviahué. Ces conduites fumant et serpentant posées à même le sol rappellent les chauffages à distance de la ville russe de Krasnoiarsk où Valentin Reymond a emmené Renaud.
Nous rentrons pour terminer ce premier de l’an dans la chaleur de notre camping-car, après avoir photographié plusieurs fleurs poussant sur des sols dont la chimie ne nous a pas semblé des plus propices à la végétation.
A suivre...
01.01.14
La Enorme Distancia