Nos Chroniques
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Le gaucho conduit son cheval au fleuve
Le gaucho arrive au bord du fleuve avec son cheval à la longe. Le soleil est sur le point de se coucher et le pur sang, qui a passé toute la journée au soleil de la pampa, entre d'un pas sûr dans l'eau, les oreilles pointées en avant.
Sur la route allant de Puerto Iguazu à Salta, nous nous sommes arrêtés pour la nuit, Jocelyne et moi, au bord du Rio Parana. Le soleil est déjà bas et il commence à colorer le ciel entre l'orange et le violet. Trois enfants pêchent. Ils ont déjà attrapé quatre gros poissons, de quelque deux kilos chacun, qu'ils s'apprêtent à rapporter à leur famille. L'aîné est à la ligne, le petit frère est en charge de retirer l'hameçon et d'assommer les poissons pêchés alors que la soeur s'occupe de les vider. C'est bien organisé et ils ne s'échangent que les quelques mots nécessaires à leur collaboration.
Le bruit typique d'un cheval au pas se fait soudain entendre. Il est tenu à une longe par un gaucho en chemise et en culotte courte. Ils entrent tous deux d'un pas décidé dans l'eau, jusqu'à ce que le ventre du cheval effleure l'eau. Le gaucho commence alors à asperger légèrement le cheval. Celui-ci apprécie, il ne bouge pas. Le gaucho se met à frotter les pattes du cheval à mains nues, puis il mouille et frotte progressivement tout le corps de l'animal. Il est au mieux, les oreilles pointées en direction de son maître ou d'un martin pêcheur qui essaie à plusieurs reprises d'attraper un petit poisson juste à côté.
Le gaucho flatte son cheval qui est maintenant tout mouillé. Il fait encore 40 degrés de chaleur, le soleil est de plus en plus bas. Le gaucho entreprend alors de faire faire une grande volte au cheval en direction du large. L'animal s'avance, l'eau recouvre son dos et il se met à nager tout naturellement, sur une vingtaine de mettre. Le gaucho est dans l'eau jusqu'à la taille et il tient la longe la plus lâche possible. Le manège se déroule à plusieurs reprises et le cheval passe du pas à la nage et de la nage au pas en totale souplesse, très calmement.
Le soleil est maintenant presque rouge, dans quelques minutes il aura disparu et les moustiques feront leur apparition. Les trois enfants serrent leurs affaires et retournent chez eux. Le gaucho et le cheval sortent de l'eau et remontent la petite vallée par laquelle ils sont arrivés. Nous prenons quelques photos du soleil couchant sur le Rio Parana et nous allons préparer la moustiquaire pour passer la nuit sans être dévorés.
Le gaucho aime son cheval; quand il le baigne, il fait de la poésie.
RT
PS Le dernier cheval que j'ai vu se baigner s'appelait Crin Blanc; mais c'était en photo et j'avais trois ou quatre ans. Cette fois-ci, j'avais mes jumelles pour observer les oiseaux et les crocodiles du Rio Parana; mais je n'avais pas mon appareil photographique...
10.09.13