Nos Chroniques
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La traite des passagers de Grimaldi Freighter Cruises
La compagnie maritime napolitaine abuse-t-elle de son monopole sur le transport de passagers en cargo entre l'Europe et l'Amérique du Sud, en imposant à ses cargaisons humaines des conditions de traversée indignes?
Les passagers des cargos acceptent certes de se plier aux escales et aux horaires fluctuants du négoce maritime ainsi qu'à la rudesse des équipages de la marine marchande, ça fait partie du charme de ce type de croisière; mais ils méritent tout de même un minimum d'égards en rapport avec le prix payé pour monter à bord.
Si les passagers des cargos de Grimaldi Freighter Cruises sont tous traités comme ce que j'ai vécu avec mon épouse et sept autres compagnons de voyage en traversant l'Atlantique en août dernier à bord du Grande Cameroon, il convient alors d'admettre que la compagnie italienne basée à Naples ne se soucie guère du sort de ses cargaisons humaines. L'absence totale d'information, l'impossibilité d'obtenir des réponses aux questions posées et des WC défectueux pendant toute la traversée ont transformé celle-ci en un goulag transatlantique de 27 jours.
L'homme privé d'information est réduit au statut de l'animal parqué qui s'électrocute quand il s'approche trop de la barrière qui limite l'espace qui lui est dévolu. Sans informations, les passagers du Grande Cameroon ont du s'exposer à la mauvaise humeur et aux récriminations de l'équipage quand ils prenaient des initiatives dépassant les limites de leur autonomie. Les réactions peu amènes et les réponses vagues de l'équipage faisaient penser que poser des questions à bord du Grande Cameroon était considéré comme un acte de désobéissance. Il faut attendre, il fallait attendre sans savoir pourquoi ni combien de temps avant de savoir si nous allions pouvoir descendre à terre. Impossible d'être informé sur la date d'arrivée à destination, même un jour à l'avance, donc impossible d'informer les personnes qui nous attendaient. Nous avions l'impression que les transitaires étaient mieux informés sur le sort de leurs containers que nous sur le nôtre. Et je m'abstiens de m'étendre sur les conséquences des WC des cabines qui n'ont pas fonctionné pendant toute la traversée; alors qu'il n'y en avait pas d'autres à disposition.
L'extrême gentillesse de l'équipage philippin et roumain du Grande Cameroon, du simple matelot à l'officier le plus gradé, tranchait agréablement avec la balourdise et la grossièreté du reste du personnel. Est-ce qu'une compagnie maritime philippine ou roumaine viendra bientôt proposer du transport de passagers et de leurs camping-cars (ro-ro) entre l'Europe et l'Amérique du Sud? L'industrie automobile européenne a bien du être secouée par la concurrence asiatique efficace avant de comprendre la nécessité de construire des véhicules fiables et confortables. En attendant, je conseille de ne voyager avec Grimaldi Freighter Cruises qu'en se préparant psychologiquement à passer une vingtaine de jours dans des conditions humaines d'un autre temps. A bon entendeur, salut.
RT
PS En revanche et à l'instar de mes compagnons d'infortune, je n'ai que des louanges à adresser à C.C.C. Catalina Cargo Conseil, l'excellent agent maritime parisien auprès duquel nous avons réservé notre place à bord du Grande Cameroon.
25.08.13