Nos chroniques
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Down by the Carretera Austral
Longue de 1'240 km, entre Puerto Montt et Villa O'Higgins, la Carretera Austral (Ruta 7) est une des grandes routes que rêvent de parcourir les voyageurs. Si l'accès nord est relativement aisé, moyennant quelques passages en ferries qui ne fonctionnent que quelques mois par année, la partie sud est plus délicate dans la mesure où elle débouche sur la frontière avec l'Argentine atteignable par un sentier praticable exclusivement à pieds ou à cheval. Des cyclistes s'y aventurent, mais en poussant leur monture. En ce qui nous concerne, nous l'avons parcourue entre Caleta Gonzalo et Coyhaique.
Au Nord, l'attraction principale est constituée par le gigantesque Parc Pumalin créé par Douglas Tompkins, fondateur des marques Esprit et North Face, et par son épouse Kris, ex-patronne de la marque Patagonia. Outre les grandioses forêts pluviales tempérées qu'ils nous permettent de découvrir en parcourant des sentiers judicieusement aménagés, les Tomkins ont fixé un standard dans les structures d'accueil, les informations et les aménagements qui nous a semblé particulièrement opportun. On a senti qu'ils maitrisaient complètement le marketing, pas dans une optique commerciale, mais dans celle de faire passer un message écologique des plus importants, celui de la sauvegarde de la forêt amazonienne et dans celle consistant à proposer des prestations à la fois simples, peu onéreuses, mais d'excellente qualité. Le tourisme régional peut largement s'inspirer de ces bonnes pratiques. Les sentiers balisés nous font entrer dans une forêt autrement impénétrable, en gravissant souvent les coteaux par des échelles obliques sommairement mais solidement fabriquées avec le bois trouvé sur place. Les marches exigent alors une certaine concentration pour éviter de glisser sur des barreaux la plupart du temps arrondis.
Au Sud du parc se situent la bourgade de Chaitén, surplombée par son volcan éponyme dont les dernières éruptions datent de 2008 et 2009. Celles-ci furent d'ailleurs tellement importantes que la ville a du être évacuée et que l'accès au Parc Pumallin a été fermé deux ans. Les ponts et la piste de la Carretera Austral sont encore en reconstruction où ils furent emportés par des écoulements monstrueux de matériaux crachés par le volcan, emportant sur plusieurs kilomètres toute la forêt et formant en bord de mer des spectacles cataclysmiques.
L'intense activité volcanique de cette région du monde a entraîné la création d'une multitude de termes, souvent placés dans des endroits pittoresques, au gré de sources chaudes jaillissant au fond de gorges étroites entièrement réservées aux baigneurs, qui peuvent sourdre dans les pâturages et conduire les amateurs à se baigner au milieu des vaches ou qui sont captées en bord de mer, permettant de faire trempette dans des bassins s'ouvrant sur le Pacifique.
Après avoir passé quelques jours à Pumallin, nous irons user nos semelles en remontant jusqu'à la langue du Glacier Ventisquero qui reçoit une cascade de plus de cent mètres provoquée par la fonte de la partie supérieure du glacier (la photo de gauche a été prise en chemin). C'est l'occasion de rappeler que les glaciers bordant l'immense calotte glaciaire andine, la plus grande continentale, sont parmi ceux qui reculent actuellement le plus vite.
Après avoir passé Puerto Puyuhuapi, la piste traverse le Parc National Queulat en franchissant un col montant presque jusqu'à la limite supérieure de la forêt. Les arbres, la plupart résineux, sont verts foncé et tellement serrés qu'ils nous empêchent de quitter le ripio, même à pieds. Quelques itinéraires sont dégagés pour les marcheurs les plus avisés.
C'est ensuite une longue descente qui nous attend vers une vallée s'ouvrant progressivement. Des bovins et des équidés paissent une herbe grasse et les bords de la piste commencent à être couverts de lupins blancs, bleus, jaunes, mauves et roses. Un peu plus bas ce sont des champs entiers qui seront colorés de lupins poussant serrés (v. photo du centre et vidéo).
La Route Australe est aussi l’occasion de rencontres étonnantes, comme celle des deux cyclistes de la photo de droite. Ils ont pris le temps de traverser l’Amérique latine du Nord au Sud à vélo, mais à plus de soixante-cinq ans.
A suivre...
15.12.13
Blowin’ in the Wind