Nos Chroniques
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Ruta del Fin del Mundo
Partis sous la neige pour atteindre le point le plus au Sud du continent américain atteignable avec notre Toyota-Azalaï, nous avons traversé les vastes forêts de l'Estancia Moat, longé sa côte tellement balayée par le vent que les arbres poussent vraiment horizontalement et nous sommes arrivés avec le soleil au poste de la Préfecture navale argentine de la Terre de Feu qui marque la fin de toute piste. Un des objectifs géographiques de notre périple américain est dorénavant d'atteindre le point le plus au Nord du continent américain atteignable avec notre camping-car. Nous en reparlerons. Il y a quelques étapes intermédiaires...
Mais la traversée successive des estancias Harberton et Moat nous a tellement plu que nous avons du nous arracher pour faire demi-tour et attaquer la remontée au Nord.
La diversité du paysage alternant hameaux forestiers, pâturages boisés, forêts de gigantesques hêtres et côtes océaniques est des plus belles. Des moutons ou des bovins paissent et une multitude de cauquenes (outardes) et de bandurias (gros ibis) s'animent au bord des cours d'eau, des lacs ou de la mer. Nous trouvons pour la première nuit un endroit abrité du vent qui surplombe l'océan. De notre couchette, nous pouvons admirer un caracara (faucon) qui mange des crustacés attrapés avec une de ses pattes en grattant entre les galets de la plage. A la tombée de la nuit, une vedette des gardes-côtes argentins s'approche de nous à grand fracas - son moteur résonne contre la falaise en faisant un bruit assourdissant -, sans doute pour identifier le drôle de véhicule parqué dans un endroit inhabituel. La seconde nuit, nous bivouaquons dans un pâturage de l'Estancia Haberton, entourés de taureaux adultes qui passent tellement près de nous que nous entendons le souffle de leur respiration. Nous nous sentons bien à l'intérieur du camping-car. Le matin, nous assistons au spectacle de deux d'entre eux qui se mesurent en s'encornant. Le plus fort se poudre ensuite en se jetant de la terre sur le dos avec ses pattes avant. Quand Renaud sort du camping-car pour les approcher et prendre des photos, ils s'éloignent.
Nous passons une journée à l'Estancia Haberton, crée par Thomas Bridges, connu pour avoir écrit un dictionnaire yamana. Celle-ci est en pleine réorientation agritouristique; ce qui l'a notamment conduite à accueillir en permanence une vingtaine de stagiaires en tourisme rural ou en biologie marine. Un musée et un laboratoire de recherche sur les mammifères marins de la côte atlantique de la Patagonie a vu le jour sur l'estancia. Nous avons visité avec intérêt, mais en nous bouchant le nez, la manière dont les tissus sont détachés des squelettes des baleines et des lions de mer. Leur taille ne permet pas d'autre manière que de laisser pourrir les tissus à l'air libre et de gratter les os. C'est un des principaux travaux des stagiaires. Nous avons eu l'impression qu'ils appréciaient d'être de corvée de visites guidées, pour échapper quelques demies-journées au nettoyage des squelettes.
Nous repartons de ce bout de monde la tête pleine de beaux souvenirs. Ne nous aura manqué qu'un saut en Antactique; mais le prix astronomique (l'équivalent du quart de la valeur du camping-car ou de quatre traversées de l'Atlantique avec Grimaldi) de la croisière nous a fait renoncer.
A suivre...
21.11.13
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