Nos Chroniques
Nos Chroniques
Le protectionnisme d'El Chalten a atteint ses limites
Ambitionner de devenir une destination touristique courue au pied du Fitz Roy pourrait échouer lamentablement si les autorités et les commerçants d'El Chalten ne mettent pas rapidement fin au protectionnisme économique qui recouvre le développement de la bourgade d'une chape de plomb et qui menace de se transformer en cercueil.
Créée ex nihilo par le gouvernement argentin en 1985, seulement pour contrôler un territoire à fort potentiel touristique jouxtant une des régions pétrolifères les plus intéressantes d'Argentine, El Chalten, également le nom donné au Fitz Roy par les tehuelches, protège à outrance son commerce local.
Entre parenthèses, la frontière entre l'Argentine et le Chili donne encore à ce jour lieu à des disputes entre les deux pays qui leur coûtent des complications diplomatiques, des dépenses militaires et des incertitudes topographiques qui semblent être aujourd'hui dépassées.
C'est probablement pour encourager les gens à s'installer à El Chalten que la bourgade s'est vue mise au bénéfice de privilèges économiques facilitant l'ouverture de commerces de toute sorte. Le protectionnisme en est arrivé au point que, par exemple, le carburant était vendu près du double du prix pratiqué à Tres Lagos et à El Calafate, à plus d'une centaine de kilomètres; mais il n'y a pas de station service avant. YPF, le principal distributeur de carburant en Argentine, est venu un jour installer une pompe à carburant entre deux containers, à un kilomètre de l'entrée de la ville, en offrant le diesel et l'essence aux prix du marché argentin. Les colonnes du vendeur de carburant d'El Chalten n'ont plus qu'à rouiller.
Les prochains monopoles, ou plutôt machines à tondre les touristes, à tomber à El Chalten seront ceux d'internet et de la téléphonie mobile. A ce jour, les accès internet proposés aux touristes via les bornes wifi des cafés et des hôtels ont un débit tellement limité qu'il n'est guère possible que d'ouvrir ses courriels, et encore, à condition qu'ils soient sans pièces jointes. Tenir informés sa famille et ses amis via les réseaux sociaux ou en publiant sur son propre site internet est une gageure.
Pour ce qui est du téléphone, il n'y a tout simplement pas de réseau téléphonique mobile du tout. Reste les cabines téléphoniques que proposent via des lignes fixes de nombreux cafés; mais à des tarifs prohibitifs. Et la téléphonie via internet est quasiment impossible, pour les raisons évoquées au paragraphe précédent.
Un des principaux opérateurs téléphoniques du pays s'apprêterait à installer une antenne qui devrait apporter le réseau téléphonique mobile à El Chalten. L'accès internet sera donc possible aux possesseurs de smartphones dotés d'une carte SIM de cet opérateur et je parie que des bornes WIFI au débit suffisant seront bientôt proposées aux touristes étrangers.
Quant aux autres prix encore surfaits d'El Chalten, ils tomberont bientôt aussi. D'aucuns plaindront alors les nombreux petits commerçants qui auront perdu leur rente de situation. Ne resteront que ceux qui auront compris qu'un bien mal acquis ne profite jamais et que les meilleures affaires se font dans les marchés concurrentiels.
RT
29.10.13